La tentation hexagonale, la souveraineté à l’épreuve de la mondialisation
1996
Ce livre à reçu le Prix Sciences Humaines de L’Académie des Sciences Morales et Politiques, 1997.
La France est-elle en train de perdre sa souveraineté économique ? On pourrait le redouter à l’heure de la mondialisation des échanges et des « firmes globales », où les produits d’Asie inondent les marchés et où les technocrates de Bruxelles semblent dicter leurs politiques aux États-nations.
Ces appréhensions, écrit Élie Cohen, sont mal fondées : la mondialisation n’a pas l’ampleur qu’on lui prête ; les échanges avec les pays à faible coût de main-d’œuvre sont dérisoires ; les « firmes globales » sont peu nombreuses et leur influence économique est la même depuis trente ans. Quant à la Commission européenne, elle n’a rien imposé et ne peut rien imposer à l’État français : ni le démantèlement du service public, ni la privatisation des entreprises, ni l’ouverture commerciale.
L’organisation de l’Europe n’affaiblit pas notre souveraineté économique mais, au contraire, la renforce : elle donne à la France pour partenaires privilégiés des pays qui partagent le même modèle économique et social ; elle lui garantit le respect par tous d’une norme commune ; elle lui procure les moyens de marquer les règles du commerce mondial. Bref, elle lui offre des atouts que, seule, la France n’aurait pas. De fait, avec l’Europe, l’État français s’est donné une contrainte pour s’adapter au nouvel ordre économique, pour forcer aussi les esprits et les groupes d’intérêt à rompre avec leurs vieilles habitudes.
Cet essai veut apaiser des inquiétudes légitimes, mais aussi prévenir contre les illusions d’une rhétorique incantatoire sur l’exception française.
TABLE DES MATIÈRES COMPLÈTE :
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- Introduction : De la souveraineté économique
- PREMIÈRE PARTIE : MONDIALISATION OU RÉGIONALISATION
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- Mondialisation : des mythes et des données
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- 1 La globalisation : un mythe récurrent
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- Renault- Volvo : globalisation et crispation identitaire / La crispation identitaire et la guerre économique / De la firme multinationale à la firme globale, / Qu ’est-ce que l’entreprise globale ? / Multinationales et firmes globales : essai de typologie / Les alliances : une réponse à l’internationalisation et au nouvel ordre productif / Les firmes globales ont une géographie et une nationalité / Régionalisation des stratégies et particularismes nationaux / La montée des interdépendances.
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- 2 Concurrence et coopération entre firmes et nations
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- Politiques pour l’industrie : la boîte à outils / France : politique industrielle ou politique des grands projets / Etats-Unis : l’objection de principe à l’intervention sectorielle / Attractivité et localisation : la notion de « contenu domestique » dans les usines transplants / Localisation : la distribution des ressources entre États et firmes / La spécialisation par une stratégie d’attractivité adaptée / Les politiques d’attractivité.
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- 3 L’ordre commercial mondial : entre multilatéralisme et régionalisme
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- Mondialisation, chômage et délocalisations : le rapport Arthuis, p. 123. Commerce et realpolitik : la querelle commerciale nippo-américaine, p. 133. L’ordre commercial international est-il libre-échangiste ?, p. 14 1. LUnion européenne et les États-Unis : l’enjeu du GATT, p. 148. La régionalisation : lEurope et la préférence communautaire, p. 156. Asie, une régionalisation spontanée, p. 16 1. Alena : régionalisation et spécialisation, p. 164. Souveraineté commerciale, P. 165.
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- DEUXIÈME PARTIE : INTÉGRATION OU DÉLÉGATION
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- Convergences européennes et spécificités nationales
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- 4 Déréglementation et service public
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- Service public industriel et commercial : l’exception française / Le SPIC français entre service du public, colbertisme et régulation sociale / Bruxelles ne remet pas en cause le service public / Déréglementation des télécoms : voies nationales et convergences économiques / Autoroutes de l’information et libéralisation intégrale des télécoms / Des régimes nationaux maintenus / Missions et organisation du service public.
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- 5 La protection du capitalisme national
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- Les nationalisations comme enjeux de souveraineté / Contrôle du capital et souveraineté industrielle / Privatisations : la filière inversée du capitalismle français / Europe et homogénéisation des variétés capitalistes nationales : l’affaire Crédit Lyonnais / Le capitalisme gallican / Sortir d’un capitalisme sans capitaux encastré dans l’État.
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- 6 Libéralisation : l’Europe entre marché et puissance
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- Les politiques de marché / L’accord commercial nippo-européen / Aides publiques, secteur public, privatisation /Politiques de promotion de la base industrielle / De la TVHD à la TV numérique : le choix de la demande / Le déséquilibre entre politiques de marché et de développement / La Commission : une délégation créée par des États souverains / La Communauté renforce les États nations.
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- TROISIÈME PARTIE : SOUVERAINETÉ OU GOUVERNABILITÉ
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- Contrainte et pouvoir discrétionnaire
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- 7 La reconquête de la souveraineté monétaire
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- La France abandonne-t-elle sa souveraineté en adhérant à l’UEM ? / L’UEM et la théorie du déséquilibre créateur / Inscrire dans le marbre des institutions la stratégie de désinflation compétitive / UEM : une stratégie pour gagner de l’influence monétaire / Les Banques centrales contre les marchés / Le spéculateur, l’expert et les gouvernants.
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- 8 Défense : monarchie nucléaire et gestion socio-industrielle
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- L âge atlantique (1945-1962) : la souveraineté limitée / L’âge gaulliste (1962-1989) : la souveraineté affirmée, p. 371. Le compromis immobile (1989-1995) / Du colbertisme « militech » à la gestion socio-politique / La rupture stratégique (1996 .. ).
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- 9 Le gouvernement des marchés
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- La contrainte financière internationale / Les politiques de revenus / Suède : l’effondrement du modèle Rehn-Medner / Royaume-Uni : du pouvoir syndical à la déréglementation de combat / France : individualisme anomique et État velléitaire / RFA : patriotisme institutionnel et culture du compromis / Gouvernance et gouvernabilité.
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- Conclusion
Voir en ligne : Fayard