C dans l’air : EDF, concurrence et mode d’emploi

jeudi 28 juin 2007

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A la veille de l’ouverture à la concurrence des marchés de l’électricité et du gaz pour les particuliers, prévue pour le 1er juillet 2007, personne ne semble croire au "grand soir de l’énergie". Cette mesure pourrait pourtant tout bouleverser dans un secteur où Electricité De France (EDF), avec ses 25 millions d’abonnés, et Gaz De France (GDF), et ses quelques 10 millions de clients, règnent en maîtres depuis la loi de nationalisation des industries électriques et gazières de 1946.

"Si le marché se libéralise, le processus sera progressif", analysent les experts. Et ceci en raison du nombre réduit de concurrents, de l’opposition des associations de consommateurs, du poids des deux opérateurs historiques et du maintien des tarifs fixés par l’Etat au seul profit d’EDF, pour l’électricité, et de GDF, pour le gaz.

Si à compter du 1er juillet, le choix du fournisseur sera limité à moins de dix opérateurs, ce qui est plus ouvert que pour le téléphone fixe, la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) indique que seuls EDF, GDF et Poweo feront des offres "duales" gaz et électricité. Altergaz ne fera que du gaz, et Electrabel (Suez), Direct Energie, Alterna, Proxelia, GEG Source d’Energies et Enercoop que de l’électricité.
En théorie, le but de cette ouverture au marché européen est de multiplier les offres pour faire baisser les prix, car jusqu’à présent, ils sont "régulés", c’est-à-dire encadrés par l’Etat, en France. Et tous s’emploient à rassurer des clients rendus inquiets par la hausse des tarifs de l’énergie et par l’interdiction de revenir aux tarifs régulés s’ils ont fait le choix de la liberté des tarifs. Dans la pratique pourtant, il mieux vaut étudier son nouveau contrat avec prudence, sous peine de ne plus pouvoir faire marche arrière.
EDF, qui bénéficie de ces tarifs réglementés, fera aussi une offre "de 10 % à 12 % supérieure au tarif" aux clients qui n’auront plus droit au tarif administré après avoir emménagé dans un logement où le locataire ou le propriétaire précédent avait choisi le prix du marché.

GDF, qui veut coûte que coûte garder ses clients se chauffant au gaz, a annoncé, le 22 juin, qu’il garantira "des prix fixes" de l’électricité et du gaz pendant un, deux, voire trois ans. Pour l’électricité, le prix correspondra au tarif réglementé actuel ; pour le gaz, il sera supérieur d’environ 3 %, ce qui porterait une facture annuelle moyenne de 700 euros à 724 euros.

Quant à Poweo, il se fait fort de "garantir des prix toujours inférieurs aux tarifs réglementés", a souligné son président, Charles Beigbeder. Le profil de consommation défini, l’opérateur indépendant proposera un forfait annuel simple ou mixte (gaz/électricité). "L’énergie non consommée en fin d’année sera remboursée, et le surplus de consommation facturé au tarif réglementé. Au total, nos tarifs seront de 5 % à 10 % inférieurs à ceux d’EDF et de GDF."

Vigilantes, les associations continuent à multiplier les mises en garde auprès des consommateurs sur la liberté tarifaire. Car, expliquent-elles, si vous souscrivez à l’offre d’un nouvel opérateur, vous bénéficierez de ses prix libres, qu’ils soient plus ou moins élevés, sans pouvoir bénéficier à nouveau des tarifs "régulés" par l’Etat.
Le marché ne sera vraiment libéralisé qu’avec la suppression des tarifs régulés, jugent la CRE et la Commission européenne. "Les pressions de Bruxelles vont s’accentuer en ce sens dans les prochains mois."

Marcel Boiteux, président d’honneur d’EDF, résume une situation contradictoire, selon lui, qui ébranle la théorie libérale sur les vertus de la dérégulation. "Il ne s’agit donc plus d’ouvrir la concurrence pour faire baisser les prix, mais d’élever les prix pour permettre la concurrence."

Invités

– Elie Cohen
– Marie-Jeanne Husset
– Patrick Behm
– Maurice Marion


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