Telecom : sortie de faillite

janvier 2003

pour L’Expansion, janvier 2003.

Des titres comme France Telecom ou Alcatel naguère honnis ... qu’on s’arrache en ce début d’année. Des recommandations qui s’inversent pour le secteur des équipementiers telecom ou pour des opérateurs comme DT, il n’en fallait pas davantage pour que certains annoncent la sortie de crise.

Que le marché soit davantage la chambre d’échos de rumeurs ou le théâtre de comportements moutonniers et de prophéties autoréalisatrices n’est pas nouveau. Pour l’économiste, il importe par contre de déterminer si une reprise réelle est à l’œuvre car les NTIC ont joué un rôle majeur dans la forte croissance des années 95-2000 et dans la croissance molle depuis 2001. Or autant le dire d’emblée, il n’y a guère de signes d’une reprise d’ensemble de l’investissement dans les telecom, même si çà ou là l’équipement en haut débit internet (ADSL) ou en mobiles (Chine) se poursuit. Les grands moteurs de la croissance qu’ont été l’ouverture du marché, la perspective d’une croissance exponentielle de l’internet ou le passage rapide à la 3G dans la téléphonie mobile, sont tous en panne. Pire encore, les exploitants téléphoniques se sont fortement endettés pour participer à un festin illusoire. Leurs comptes plombés en porteront durablement la trace. Depuis les faillites, les cessions, les recentrages ont éclairci leurs rangs sans pour autant que les survivants aient acquis une solidité nouvelle. Le mot d’ordre de l’heure est « abaissement du point mort » « baisse des coûts » et pour le reste mise en tension des « machines à cash ». Alors si les équipementiers retrécissent et si les exploitants sont à la diète, comment expliquer ce retour de faveur ? 3 raisons d’inégale portée jouent. La première tient à la surréaction des marchés observée au cours des 6 derniers mois Alcatel à 2 euros et FT à 7 euros témoignaient d’une perte de confiance radicale alimentée par des rumeurs de faillite, d’insolvabilité ou de pertes cachées dans un contexte marqué par les affaires Enron, Worldcom etc.... La crainte de la faillite éxorcisée, la spoliation massive des actionnaires par une augmentation de capital fortement dilutive écartée, des changements de personnel dirigeant réalisés : tout a contribué à un assainissement de l’atmosphère. La deuxième tient aux signaux émis par la FCC, la Commission européenne, le Président Chirac : les gouvernants et les régulateurs ne laisseront pas tomber le secteur. La troisième tient à l’oligopolisation du secteur des services de telecom. L’échec de bien des nouveaux opérateurs, l’abandon des licences 3G par les nouveaux entrants, le décalage dans le temps des nouveaux investissements contribuent à une moindre pression concurrentielle, à une entente tacite entre acteurs pour maximiser les résultats opérationnels.

Au total, pour les champions des TMT le moment de panique passé, rien n’a vraiment changé. Alcatel survivra-t-il dans un secteur surcapacitaire ? FT parviendra-t-il à amorcer la spirale du désendettement par des cessions profitables et une augmentation significative des résultats récurrents de son activité ? Pour Vivendi Universal, quel sera le montant final de la destruction de valeur une fois cédé le portefeuille d’activités.


Voir en ligne : L’Expansion