Pour ou contre : L’ouverture d’EDF à la concurrence

mars 2002

Pour :

Dans un contexte de libéralisation de l’économie et d’intégration européenne, le problème de savoir si on libéralise ou non l’électricité se pose d’une manière particulière. Il faut tenir compte de certaines contraintes. Seule une politique publique peut faire de la prévision à long terme et tenir compte des nécessités écologiques (lutte contre l’effet de serre).

En outre, les Français estiment que la tarification doit être identique sur tous les points du territoire et qu’il est normal de donner à tous un accès à l’énergie à un prix raisonnable. Mais il s’agit aussi d’assumer la libre circulation de l’électricité au niveau européen, il faut donc favoriser les interconnexions entre les différents pays.

Jusqu’où réaliser l’ouverture ? Je suis partisan de la position adoptée par la France, à savoir libéralisation totale du secteur des usages professionnels, car la dynamique concurrentielle va avoir des effets d’optimisation du service. Pour les particuliers, ce n’est pas aussi évident, dans la mesure où c’est moins la concurrence en elle-même qui fait baisser les prix que l’énergie utilisée pour produire de l’électricité. Si les prix sont plus bas en France qu’en Angleterre, par exemple, on le doit au fait que nous produisons à 80 % notre électricité avec du nucléaire, alors qu’outre-Manche, les compagnies d’électricité utilisent le gaz dont les prix ont flambé. Même mal gérée (sureffectifs et surcoûts de gestion), EDF reste plus compétitive que les entreprises étrangères grâce au choix du nucléaire fait il y a plus de trente ans.

Pour l’instant, la France refuse la libéralisation totale. EDF veut devenir un opérateur européen, il mène une stratégie agressive d’acquisition de firmes. Les gouvernements étrangers acceptent difficilement que leurs privatisations servent l’entreprise nationalisée EDF ; ils n’acceptent pas non plus qu’EDF soit protégée par son statut 100 % public. L’ouverture du capital réglera le problème.
Au total, je considère qu’avec 65 % d’ouverture, le marché français sera de fait libéralisé, même si l’ouverture à la concurrence vers les particuliers ne se fera pas dans de brefs délais.

L’article sur le site de 60 Millions


Voir en ligne : 60 Millions de Consommateurs