Elie Cohen : « L’Etat agit avec une grande maladresse »

mercredi 13 mai 2015

Article paru sur lemonde.fr

L’économiste Elie Cohen juge que le gouvernement « ne sait pas distinguer l’essentiel de l’accessoire »

Directeur de recherche au CNRS, Elie Cohen fait partie des économistes consultés ces derniers mois par le gouvernement sur la réforme du marché du travail. Critique sur sa politique économique, il appelle à la définition d’une ligne d’action claire.

Quel regard portez-vous sur la politique économique du gouvernement ?

La France a un problème d’offre, c’est une évidence, que ce soit en termes de financement des entreprises ou de marché des biens et des services. Quand on fait face à des problèmes aussi récurrents et que l’on ne fait pas, ou pas assez, les grandes réformes nécessaires, on est obligé d’agir de façon ponctuelle, et cela crée des dysfonctionnements. Le dossier des droits de vote double en est un bon exemple.

Depuis des années, les décisions fiscales des différents gouvernements dissuadent l’investissement en actions, notamment de la part des salariés et des particuliers. Résultat : la moitié du capital du CAC 40 est détenue par des investisseurs étrangers, et l’Etat se sent obligé d’être présent pour éviter la disparition accélérée de l’ancrage français des grands groupes tricolores. D’où son attitude chez Renault. Mais comme il n’a pas les moyens financiers de se renforcer, il le fait de la pire manière qui soit, en empruntant des titres qu’il revendra ensuite !

Autre exemple, le marché du travail. La France est globalement en situation de sous-activité depuis sept à huit ans : les entreprises réduisent leurs effectifs, se restructurent. Mais politiquement, le gouvernement ne supporte pas l’idée des plans sociaux. Du coup, il tente de freiner le mouvement. En matière économique et industrielle, l’Etat ne semble avoir qu’une seule idée : empêcher les licenciements. En période de croissance zéro, il ne le peut pas !

Cet interventionnisme de l’Etat est-il nouveau ?

Non. Arnaud Montebourg faisait avec panache ce qu’Emmanuel Macron fait dans le registre plus professionnel du banquier...

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