C dans l’air : Le quinquennat de DSK

lundi 1er octobre 2007

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Sa vie politique n’a sans doute pas pris le tour souhaité mais Dominique Strauss-Kahn peut au moins se targuer de mener une brillante carrière d’économiste. Son élection - sans surprise - à la tête de Fonds Monétaire International (FMI), le 28 septembre 2007, lui offre de tenir les rênes de l’une des plus grandes organisations internationales.

Un prestige que partagent quelques autres Français, notamment Jean-Claude Trichet à la Banque centrale européenne, Pascal Lamy à l’Organisation mondiale du commerce et Jean Lemierre, président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement.

Sollicité par le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, favorable à ce qu’un Européen prenne, à nouveau, la direction du FMI, Dominique Strauss-Kahn se distingue par d’indéniables qualités d’économiste aguerri - il a été professeur d’économie puis ministre de l’Economie et des Finances dans le gouvernement Jospin - et polyglotte.

L’ancien aspirant à l’investiture socialiste pour la présidentielle - qui a également bénéficié du soutien du président Nicolas Sarkozy pour ce poste au FMI - a avalé les kilomètres (100 000 en deux mois) pour convaincre les pays membres du bien-fondé de sa candidature. Et le socialiste le plus libéral du parti a remporté l’adhésion de la plupart, notamment les Américains, les Japonais, les Indiens et les Chinois. Seuls Moscou et quelques pays asiatiques restaient opposés à ce que le grand argentier soit, encore une fois, un représentant des pays riches.

Elu pour cinq ans, Dominique Strauss-Kahn prendra ses fonctions le 1er novembre 2007 et s’attellera aussitôt à la réforme d’une institution en pleine crise de légitimité.

Créé en 1944, le FMI devait prévenir d’éventuels désastres financiers tels que celui qui contribua à la Grande Dépression des années 30. Garant du système monétaire et financier international, la mission du fonds est d’assurer surveillance, assistance technique et prêts aux pays en difficulté.

Mais l’organisme doit désormais s’adapter aux réalités économiques, financières et géopolitiques du monde actuel. C’est la feuille de route que se fixe DSK, déterminé à impulser une réforme des droits de vote et de représentativité des pays au sein du FMI, mais aussi à en amorcer un nouveau positionnement et à en redresser les finances. Il bénéficiera, pour mener à bien son mandat, d’un fort confortable salaire net d’impôt, de 495 000 dollars par an.

Vaste programme qui emporte Dominique Strauss-Kahn bien loin du PS et des affres de la reconstruction d’un parti lui aussi en crise. S’ils se déclarent fiers de l’élection d’un des leurs à la tête du FMI, les partisans du "strauss-kahnisme", comme ils ne souhaitent plus qu’on les nomme, s’interrogent.

Que devient leur courant, constitué ensemble sous le nom Socialisme et démocratie ? Comment garder vive cette force au sein du Parti socialiste, exprimée (20,5 %) lors du vote interne pour la désignation du candidat socialiste à la présidentielle ?

Parti pour cinq ans d’une tout autre aventure, Dominique Strauss-Kahn ne devrait pas être candidat à la présidentielle de 2012. Ne reste plus alors, pour ses fidèles, qu’à se trouver un nouveau leader dans l’espoir de rassembler, autour d’eux, une large majorité socialiste. Jean-Christophe Cambadélis et Pierre Moscovici sont déjà sur les rangs. Et la question du leadership au PS ne semble guère en voie d’être résolue.

Invités :

– Christophe Barbier
– Elie Cohen
– Gérard Grunberg


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